Commerce équitable et business : comment « fair » ?

Le commerce équitable, appelé « fair trade » en anglais, est un concept né à la fin des années 80 ayant pour objectif d’établir plus d’équité et de justice envers les producteurs de pays en développement. D’un point de vue économique, l’idée est de faire payer au consommateur final un prix plus élevé sur certains produits (souvent alimentaires, mais pas seulement) dans le but d’améliorer la situation des producteurs issus de pays du Sud.

Du chocolat au thé, en passant par les produits cosmétiques ou le textile, le commerce équitable étend sa gamme de produits et son champ d’action depuis maintenant plus de 20 ans. Le regard de Hadj Khelil, expert en Green-Business, nous éclaire sur la question en deux étapes. Première partie : le concept de commerce équitable et ses standards. Second volet : les clés pour développer son « fair trade ».

Le concept de commerce équitable et ses standards

Vers une définition du commerce équitable

Actuellement, il n’existe pas de définition juridique pour le commerce équitable. Cependant, pour combler ce vide sémantique, un groupe de travail nommé FINE, composé de grands acteurs du Fair Trade, a proposé en 2001 une définition de ce concept : c’est le consensus de FINE.

«Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. »

D’énormes avancées à travers des normes bien pesées

Dans cette optique, l’Organisation Mondiale du Commerce Équitable (WFTO) a édicté 10 normes à respecter par les acteurs du commerce solidaire :

  1.    Créer des opportunités pour les producteurs qui sont économiquement en situation de désavantage.
  2.    La transparence et la crédibilité dans les échanges entre les différents parties prenantes.
  3.    La capacité individuelle. L’objectif ici est de fournir une certaine autonomie aux producteurs.
  4.    Promouvoir le commerce équitable au travers d’une sensibilisation et d’un devoir d’information à destination des consommateurs notamment.
  5.    Le paiement d’un prix juste.
  6.    Égalité entre les sexes.
  7.    Les conditions de travail doivent s’effectuer dans un environnement sain et sûr pour les producteurs.
  8.    Le travail des enfants : les acteurs engagés dans le commerce équitable doivent respecter la convention des Nations-Unies sur les droits des enfants.
  9.    L’environnement. Le commerce équitable encourage à de meilleures pratiques environnementales et à des pratiques éco-responsables.
  10. Les relations de commerce. Le bien-être social, économique et environnemental des petits producteurs, ainsi que des relations durables avec ses derniers doivent être privilégiés.

Les clés pour développer son « fair trade »

Quelques clés pour développer son « fair trade »

Proposer des salaires justes :

Un salaire juste, c’est donner la possibilité à son producteur de travailler dans les meilleures conditions, tout en lui accordant un niveau de vie décent. Certainement, dans un premier temps, vos marges seront un peu réduites en raison d’une augmentation des charges. Mais au fur et à mesure du temps, de par la formation aux techniques de production (que nous verrons dans le point suivant), la productivité de votre partenaire s’améliorera, et vous gagnerez en efficience (bons résultats alliés à une optimisation des coûts engagés). De ce fait, la salaire sera « absorbé » par vos économies d’échelle et il ne grèvera en rien vos charges. Un investissement et non une dépense.

Formation aux techniques de production et sensibilisation à la R&D

En proposant un plan de formation à vos employés issus de pays en développement, vous contribuez non seulement à développer le potentiel humain de votre société, mais aussi à inscrire votre société dans une démarche d’entreprise «apprenante et innovante».

Former ses employés, c’est donner la possibilité à ces derniers «d’apprendre à apprendre ». Au-delà de la formule de phrase aguichante, c’est donner à ses producteurs les outils méthodologiques pour créer eux-mêmes le savoir, le savoir-faire et le savoir-être, soit trois composantes fondamentales du management. Aussi, il est opportun de les sensibiliser à l’importance de la Recherche et Développement, pour les emmener à orienter leurs pratiques agricoles dans ce sens.

Sensibilisation aux questions de santé et aide locale sanitaire parce que le travail de qualité ne peut se réaliser que dans un cadre sanitaire sain (dimension physique) et serein (dimension psychologique), il convient pour un entrepreneur impliqué dans le commerce équitable de fournir un maximum de sécurité et avant cela de prévention à ses employés. De même, dans la mesure du possible (question de coûts oblige), il tentera d’apporter autant que faire se peut, une aide sanitaire à ses employés pour la vie de tous les jours.

Astuces pour développer son « fair trade » : une niche et un réseau

Nous entrons ici dans un domaine plus marketing que la partie précédente. En premier lieu, pour développer son « fair trade », il vous faut penser et proposer des produits peu ou pas encore offerts sur le marché, afin de « dégoter » une niche dans laquelle vous serez à la fois compétent (de par votre activité mère, votre bagage académique ou votre vécu personnel) et où la concurrence n’est pas encore féroce. Lancez-vous et prenez de l’avance sur la meute !

De plus, il est conseillé, pour garder son avantage concurrentiel, d’utiliser son réseau personnel et professionnel (par exemple, pour Bionoor, H. Khelil a utilisé son réseau dans son pays d’origine l’Algérie). Enfin, lorsque l’activité s’y prête et les conditions PESTEL (politique, économique,…) le permettent, et ce dans une démarche de cohérence globale (commerce équitable = RSE), vous tenterez de choisir un pays producteur proche pour limiter les pollutions dues au transport des marchandises.

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